Shadow of the Tomb Raider

(C'est pas du tout un jeu indé, mais j'avais envie de faire une critique un peu différente et amusante. C'est plus facile avec une grosse licence !)

Commençons par le commencement : je fais partie des joueurs vraiment enthousiasmés par le reboot de notre chère Lara. J'ai beaucoup aimé la version 2013 et le Rise of the Tomb Raider qui a suivi. Autant vous dire que j'attendais ce nouveau titre de pied ferme. Brisons immédiatement le suspense : sans être un mauvais jeu, il m'a déçue.

Première déception, le scénario

C'est peut-être moi qui suis devenue plus exigeante, mais dans les deux derniers Tomb Raider, je pouvais jouer sans lever les yeux au ciel dès qu'un personnage ouvrait la bouche ! Cette fois-ci, on dirait que tout le monde est devenu un peu neu-neu, à commencer par Lara.

Resituons les premières minutes du jeu : leur avion s'est brisé en deux au milieu d'une tempête de grêle et tout le monde a chuté dans la jungle, éparpillés. Premier réflexe de Lara en trouvant une radio :

On part pas sur la question la plus pertinente du monde, ou bien ? Et puis, je sais bien qu'on joue pas à Tomb Raider pour avoir des histoires super plausibles, mais si même les personnages secondaires se posent des questions, ça craint non ?

Merci pour ces explications éclairantes ! Je signale pour le fun que relever une incohérence sans donner d'explications est une technique enseignée en écriture de scénario pour faire passer n'importe quoi. Puisque les personnages en parlent, on a l'impression que tout est pensé... alors que pas du tout. Les scénaristes avaient juste envie de mettre un crash d'avion stylé, mais pas de blesser les personnages, même si...

Vous l'aurez compris, on ne part pas sur une histoire très subtile ni très travaillée. Les Trinitaires sont les méchants parce que. Lara est la gentille (même si elle fait des boulettes) parce que. C'est non négociable. Mais d'ailleurs, parlons-en de Lara !

Deuxième déception, le personnage de Lara Croft

Je sais bien que notre amie a toujours eu une petite tendance à dégommer les méchants, mais à la base, elle est archéologue, pas Ezio Auditore. Dans Shadow of The Tomb Raider, elle nous fait de ces assassinats ! On enchaîne les cinématiques de morts comme des épisodes de Netflix un dimanche soir quand on ne veut pas accepter que demain c'est déjà lundi ! Elle égorge, snipe, brise des nuques et j'en passe. J'ai rien contre le sang, mais pour moi, Lara Croft n'est pas une tueuse. Ça m'a fait de la peine pour son karma de la voir assassiner sans hésitation la moindre personne sur son chemin (et il y en a !). Surtout, c'est pas ce que j'attends d'un Tomb Raider ! Si je veux massacrer des gens, je joue à Destiny, personnellement !

Au-delà de ça, on nous met quelques scènes de doute, on nous explique vite fait son bagage émotionnel qu'on connaissait déjà et ça reste un peu bâclé et pas très émouvant. Soit fallait vraiment jouer à fond sur le côté torturé, soit la faire devenir une tueuse sans âme. Mais buter 50 types d'affilée et après la voir pleurnicher au coin du feu… bof.

Les graphismes du jeu

Assez médit sur Shadow of the Tomb Raider, il y a heureusement du bon ! À commencer par la beauté du jeu. Les décors sont magnifiques, soignés, vertigineux et plutôt variés. C'est réellement impressionnant quand on se retrouve suspendu au-dessus du vide à contempler des vallées entières. Les textures sont globalement réussies et réalistes, c'est agréable de se balader dans une aussi jolie jungle. Après, est-ce que c'est mieux que d'autres jeux sortis la même année ? Pas spécialement, mais ça reste impressionnant et agréable à visiter.

Les personnages sont aussi bien modélisés, mais il y a eu des copier-coller un peu généreux… ou alors les mêmes grand-mères se déplacent vachement rapidement dans le village pour être partout en même que moi, je ne sais pas…

Le petit plus qui fait plaisir, c'est que le jeu n'a aucune interface constante à l'écran. On peut jouer et apprécier pleinement l'ambiance sans avoir sa barre de vie, ses quantités de munitions ou encore la mini carte qui se baladent dans tous les coins. Si on veut une info, on appuie sur un bouton pour l'avoir. C'est vraiment reposant et ça permet de rester plus concentré sur le jeu lui-même.

Côté gamplay

Cet opus de Tomb Raider n'a rien de très novateur, on est pas dépaysés en le prenant en main. On alterne entre :

• phases d'exploration avec de la grimpe et des passages à découvrir

• phases d'énigmes avec des mécanismes généralement improbables mais stylés, faut bien l'avouer

• phases d'infiltration ou d'éliminations furtives (ou de gros massacres quand on en a marre)

• phases de narration un peu cousues de fils blanc.

• un tout petit peu de QTE quand justement on était en train de se gratter le nez en attendant la fin de la cinématique.

Ça peut sembler varié dit comme ça, mais on tombe assez vite dans la répétition, surtout avec les quêtes secondaires. Parfois on a une bonne surprise et un temple réussi à nous sortir de la monotonie. Sans spoiler, certains ennemis sont vraiment stressants et le jeu se sert alors beaucoup de l'audio pour nous faire flipper, très efficace ! C'est dans ce genre de moments intenses qu'on réalise que le jeu aurait pu être BIEN meilleur et qu'il avait un bon potentiel.

Parce que c'est finalement assez rare qu'on soit vraiment emballés, qu'on ait l'impression de faire quelque chose de cool ou de stressant. La plupart du temps, on se balade, on fait ce qu'on nous demande et Lara Croft n'a (presque) rien à envier au métro-boulot-dodo tellement ça semble routinier.

C'est un peu pareil pour les compétences : on met des points parce qu'on en a, mais assez rapidement, on est plus trop enthousiasmés par celles qui restent. Comme quand on t'annonce qu'il n'y a plus ton plat préféré au resto du coin. Bon bah, on va prendre "ça" alors, sans conviction.

Et sinon qui a mixé le son ? Le principe d'un dialogue, c'est qu'on puisse l'entendre, non ? Comment en est-on arrivé à ce que les personnages parlent tout doucement comme ça ? J'ai une ouïe sensible et je monte rarement le son de ma TV mais là j'ai dû me rendre à l'évidence : on n'entend rien !

Conclusion

Vous voyez un bon plat, mais réchauffé ? On se souvient de son goût et on se réjouit d'en remanger, mais il s'est un peu ramolli au fond du frigo. Il a moins de saveur, on a rajouté un peu d'eau pour qu'il ne colle pas au fond de la casserole et mis du fromage râpé par-dessus… pourtant rien n'y fait : on est un peu frustrés en le mangeant. Vous aurez compris (j'espère) que c'est la même chose pour ce Shadow of the Tomb Raider. Ce n'est pas un mauvais jeu, mais la magie n'est plus vraiment là. Par moments, on est quand même agréablement surpris, mais il lui manque quelque chose de vraiment enthousiasmant. Espérons qu'ils sachent retrouver le cap ou s'arrêter avant qu'il ne soit trop tard...

(Vous avez la ref ? ;) )

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